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An Essay On Irish Bulls
Appendix
Maria Edgeworth
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       The following collection of Foreign Bulls was given us by a man of letters, who is now father of the French Academy.
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       RECUEIL DE BETISES.
       Toutes les nations ont des contes plaisans de betises echappees non seulement a des personnes vraiment betes, mais aux distractions de gens qui ne sont pas sans esprit. Les Italiens ont leurs spropositi, leur arlequin ses balourdises, les Anglois leurs blunders, les Irlandois leurs bulls.
       Mademoiselle Maria Edgeworth ayant fait un recueil de ces derniers, je prends la liberte de lui offrir un petit recueil de nos betises qui meritent le nom qu'elles portent aussi bien que les Irish bulls. J'ai fait autrefois une dissertation ou je recherchois quelle etoit la cause du rire qu'excitent les betises, et dans laquelle j'appuyois mon explication de beaucoup d'exemples et peut-etre meme du mien sans m'en appercevoir; mais la femme d'esprit a qui j'ai adresse cette folie l'a perdue, et je n'ai pas pu la recouvrir.
       Je me souviens seulement que j'y prouvois savamment que le rire excite par les betises est l'effet du contraste que nous saisissons entre l'effort que fait l'homme qui dit la betise, et le mauvais succes de son effort. J'assimilois la marche de l'esprit dans celui qui dit une betise, a ce qui arrive a un homme qui cherchant a marcher legerement sur un pave glissant, tombe lourdement, ou aux tours mal-adroits du paillasse de la foire. Si l'on veut examiner les betises rassemblees ici, on y trouvera toujours un effort manque de ce genre.
       Un homme, dont la femme avoit ete saignee, interroge le lendemain pourquoi elle ne paroissoit pas a table, repondit:--"Elle garde la chambre: Morand l'a saignee hier, et une saignee affoiblit beaucoup quand elle est faite par un habile homme."
       M. de Baville, intendant du Languedoc, avoit un secretaire fort bete: il se servoit un jour de lui pour ecrire au ministre sur des affaires tres importantes et dicta ces mots: "Ne soyez point surpris de ce que je me sers d'une main etrangere pour vous ecrire sur cet objet. Mon secretaire est si bete qu'a ce moment meme il ne s'appercoit pas que je vous parle de lui."
       On demandoit a un abbe de Laval Montmorency quel age avoit son frere le marechal dont il etoit l'aine. "Dans deux ans," dit-il, "nous serons du meme age."
       On se preparoit a observer une eclipse, et le roi devoit assister a l'observation. M. de Jonville disoit a M. Cassini--"N'attendra-t-on pas le roi pour commencer l'eclipse?"
       Une femme du peuple qui avoit une petite fille malade avec le transport au cerveau, disoit au medecin, "Ah, monsieur, si vous l'aviez entendu cette nuit! elle a deraisonnee comme une grande personne."
       Un homme avoit parie 25 louis qu'il traverseroit le grand bassin des Thuileries par un froid tres rigoureux; il alla jusqu'au milieu, renonca a son entreprise, et revint par le meme chemin en disant, "J'aime mieux perdre vingt-cinq louis que d'avoir une fluxion de poitrine."
       Un homme voyoit venir de loin un medecin de sa connoissance qui l'avoit traite plusieurs annees auparavant dans une maladie; il se detourna, et cacha son visage pour n'etre pas reconnu. On lui demandoit, "Pourquoi."--"C'est," dit-il, "que je suis honteux devant lui de ce qu'il y a fort long temps que je n'ai ete malade."
       On demande a un homme qui vouloit vendre un cheval, "Votre cheval est-il peureux?" "Oh, point du tout," repond-il; "il vient de passer plusieurs nuits tout seul dans son ecurie."
       Dans une querelle entre un pere et son fils, le pere reprochoit a celui-ci son ingratitude. "Je ne vous ai point d'obligations," disoit le fils; "vous m'avez fait beaucoup de tort; si vous n'etiez point ne, je serois a present l'heritier de mon grand-pere."
       Un avare faisant son testament, se fit lui-meme son heritier.
       Un homme voyoit un bateau si charge que les bords en etoient a fleur d'eau: "Ma foi," dit-il, "si la riviere etoit un peu plus haute le bateau iroit a fond."
       M. Hume, dans son histoire d'Angleterre, parlant de la conspiration attribuee aux Catholiques en 1678 sous Charles II. rapporte le mot d'un chevalier Player qui felicitoit la ville des precautions qu'elle avoit prises--"Et sans lesquelles," disoit-il, "tous les citoyens auroient couru risque de se trouver egorges le lendemain a leur reveil."
       Le maire d'une petite ville, entendant une querelle dans la rue au milieu de la nuit, se leve du lit, et ouvrant la fenetre, crie aux passans, "Messieurs, me leverai-je?"
       Un sot faisoit compliment a une demoiselle don't la mere venoit de se marier en secondes noces avec un ancien ami de la maison--"Mademoiselle," lui dit-il, "je suis ravi de ce que monsieur votre pere vient d'epouser madame votre mere."
       Racine, qui avoit ete toute sa vie courtisan tres attentif, etoit enterre a Port Royal des Champs dont les solitaires s'etoient attires l'indignation de Louis XIV. M. de Boissy, celebre par ses distractions, disoit, "Racine n'auroit pas fait cela de son vivant."
       On racontait dans une conversation que Monsieur de Buffon avoit disseque une de ses cousines, et une femme se recrioit sur l'inhumanite de l'anatomiste. M. de Mairan lui dit, "Mais, madame, elle etoit morte."
       On parloit avec admiration de la belle vieillesse d'un homme de quatre-vingt dix ans, quelqu'un dit--"Cela vous etonne, messieurs; si mon pere n'etoit pas mort, il auroit a present cent ans accomplis."
       Mouet, de l'opera comique, conte qu'arrivant de Lyon, et ne voulant pas qu'on sut qu'il etoit a Paris, il recommanda a son laquais, suppose qu'il fut rencontre, de dire qu'il etoit a Lyon. Le laquais trouve un ami de son maitre, qui lui en demande des nouvelles. "Il est a Lyon," dit-il, "et il ne sera de retour que la semaine prochaine." "Mais," continue le questionneur, "que portez-vous la?" "Ce sont quelques provisions qu'il m'a envoye chercher pour son diner."
       Un homme examinoit un dessin representant la coupe d'un vaisseau construit en Hollande; quelqu'un lui dit, "Est-ce que monsieur entend le Hollandois?"
       Un homme de loi disoit qu'on ne pouvait pas faire une stipulation valable avec un muet. Un des ecoutans lui dit, "Monsieur le docteur, et avec un boiteux, seroit-elle bonne?"
       Un homme se plaignoit que la maison de son voisin lui otoit la vue d'une de ses fenetres; un autre lui dit, "Vous avez un remede; faites murer cette fenetre."
       Un homme ayarit ecrit a sa maitresse, avoit glisse le billet sous la porte, et puis s'avisant que la fille ne pourroit pas s'en appercevoir il en ecrivit un autre en ces termes, "J'ai mis un billet sous votre porte; prenez-y garde quand vous sortirez."
       Un homme etant sur le point de marier sa fille unique, se brouille avec le pretendant, et dans sa colere il dit, "Non, monsieur, vous ne serez jamais mon gendre, et quand j'aurois cent filles uniques, je ne vous en donnerois pas une."
       On avoit recu a la grande poste une lettre avec cette adresse, a Monsieur mon fils, Rue, &c. On alloit la mettre au rebut; un commis s'y oppose, et dit qu'on trouvera a qui la lettre s'adresse. Dix ou douze jours se passent. On voit arriver un grand benet, qui dit, "Messieurs, je viens savoir si on n'auroit pas garde ici une lettre de mon cher pere?" "Oui, monsieur," lui dit le commis, "la voila." On prete ce trait a Bouret, fermier general.
       Milord Albemarle etant aux eaux d'Aix-la-Chapelle, et ne voulant pas etre connu, ordonna a un negre qui le servoit, si on lui demandoit qui etoit son maitre, de dire qu'il etoit Frangois. On ne manqua pas de faire la question an noir, qui repondit, "Mon maitre est Franpois, et mot aussi."
       Un marchand, en finissant d'ecrire une lettre a un de ses correspondans, mourut subitement. Son commis ajouta en P.S. "Depuis ma lettre ecrite je suis mort ce matin. Mardi an soir 7eme," &c.
       Un petit marchand pretendoit avoir achete trois sols ce qu'il vendoit pour deux. On lui represente que ce commerce le ruinera--"Ah," dit-il, "je me sauve sur la quantite."
       Le chevalier de Lorenzi, etant a Florence, etoit alle se promener avec trois de ses amis a quelques lieues de la ville, a pied. Ils revenoient fort las; la nuit approchoit; il veut se reposer: on lui dit qu'il restoit quatres milles a faire--"Oh," dit-il, "nous sommes quatres; ce n'est qu'un mille chacun."
       On pretend qu'un fermier general voulant s'eviter l'ennui ou s'epargner les frais des lettres dont on l'accabloit au nouvel an, ecrivoit au mois de Decembre a tous les employes de son departement qu'il les dispensoit du ceremonial, et que ceux-ci lui reponderoient pour l'assurer qu'ils se conformeroient a ses ordres.
       Maupertuis faisoit instruire un perroquet par son laquais, et vouloit qu'on lui apprit des mots extraordinaires. Depuis deux ans le laquais, enseignoit a l'animal a dire monomotapa, et le perroquet n'en disoit que des syllabes separees. Maupertuis faisoit des reproches au laquais; "Oh, monsieur," dit celui-ci, "cela ne va pas si vite; je lui ai d'abord appris mo et puis no." "Vous etes un bete," dit Maupertuis, "il faut lui dire le mot entier." "Monsieur," reprend le laquais, "il faut lui donner le temps de comprendre."
       Il y a en Italien une lettre pleine de spropositi assez plaisans. Un homme ecrit a son ami, "Abbiamo avuto un famosissimo tremoto, che se per la misericordia de Dio avesse durato una mezza hora di piu, saremmo tutti andati al paradiso, che Dio ce ne liberi. Vi mando quatordici pere, e sono tutti boni cristiani. A questa fiera i porci sono saliti al cielo. O ricevete, o non ricevete questa, datemene aviso."
       [THE END]
       Maria Edgeworth's essay: Essay On Irish Bulls
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